Episode 23: Le métier d'esthétique par Amandine
Dans cet épisode, Amandine partage avec nous son parcours scolaire et professionnel dans le domaine de l'Esthétique à Paris. Elle nous raconte en détail ses années d'études, les défis qu'elle a rencontrés et les apprentissages qu'elle en a tirés. Elle revient également sur ses expériences en entreprise, ses premiers pas dans le monde du travail et les projets qui ont marqué son évolution professionnelle. Et enfin, Amandine nous dévoile sa vision pour l'avenir et nous explique où elle se voit dans les années à venir.
Salut à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Je parle français, ton podcast 100% en français pour les apprenants de niveau intermédiaire.
Ici, on explore une multitude de sujets captivants : de la productivité à la philosophie, en passant par la communication, la politique, et bien plus encore. Je suis Léa, ton animatrice, et je suis ravie de t'accompagner dans ce voyage linguistique. Parfois, des invités surprises se joindront à nous pour enrichir nos discussions. Comme toujours, je parlerai à un rythme légèrement plus lent pour que tout le monde comprenne. Et n'oublie pas : toutes les transcriptions des épisodes sont disponibles sur mon site web jeparlefrancais.com. Alors, installe-toi confortablement avec ta boisson préférée et profite de cet épisode plein de découvertes. C'est parti !
Bonjour Amandine !
Bonjour !
Alors, je suis aujourd'hui avec Amandine, qui est une amie de ma petite sœur Marie, que vous connaissez déjà. Et aujourd'hui, elle va nous raconter quel travail elle fait. Alors, est-ce que tu peux te présenter rapidement et expliquer quel est ton travail ?
Ok, alors je suis à Montignes, j'ai 22 ans, je viens du sud de la France, là où j'ai fait mes études générales et littéraires.
Ensuite, il y a eu la pandémie de Covid, donc c'était un peu compliqué en termes d'ambition scolaire ; je ne savais pas trop ce que je voulais faire. Et c'est à ce moment-là que j'ai atterri à Paris, un peu par hasard, on va dire, et j'ai découvert le monde de l'esthétique. Aujourd'hui, je suis esthéticienne. J'ai obtenu mon CAP, donc le premier diplôme dans ce domaine, en un an, parce que j'avais déjà mon baccalauréat. Ensuite, j'ai obtenu mon BTS en juin dernier. Mon métier consiste à travailler exclusivement en institut de beauté, où je pratique et maîtrise tout ce qui est soins du corps, donc massages, mais aussi soins du visage, épilation, manucure, ongles, etc. Je fais aussi du maquillage, et il y a surtout un important rapport client et social dans ce métier.
Du coup, avant d'arriver à Paris, tu ne savais pas ce que tu voulais faire ?
La seule chose qui me plaisait un petit peu, c'était les langues. J'avais fait un bac littéraire et je me voyais bien travailler dans les langues. J'avais un attrait pour l'anglais, pour l'espagnol, et je suis partie à Aix-en-Provence pour une licence Langues Étrangères Appliquées (LEA), anglais-espagnol. Sauf que, comme je le disais, c'était le Covid : je n'ai fait qu'une seule semaine en présentiel à la fac, puis des mois de distanciel dans une ville que je ne connaissais pas, où je ne connaissais personne, et tout était fermé. Donc, j'étais enfermée dans mon petit 15 mètres carrés, et ça a été très compliqué. Au bout de deux mois, je suis partie pour passer le second confinement avec ma famille près de Toulouse, et j'ai un peu "grugé" les restrictions pour déménager en voiture à Paris avec des amis.
À ce moment-là, j'ai fait un service civique, parce que c'était la seule option qui s'offrait à moi ; je ne voulais pas m'engager dans de nouvelles études tout de suite. C'était une mission de quelques mois comme community manager dans une association religieuse. Ce n'était pas vraiment par ambition que je faisais ça, mais plutôt pour une nouvelle expérience, et surtout pour être à Paris et découvrir d'autres choses. Ça m'a beaucoup plu, même si ce n'était pas génial. J'avais juste un contrat d'une vingtaine d'heures, je n'étais pas trop payée, mais c'était un pont, un lien.
Un jour, une personne de mon entourage m'a posé une question toute bête : "Pourquoi tu ne fais pas de l'esthétique ton métier ?". C'est quelque chose que j'aime depuis toujours, mais je le considérais comme un loisir et non comme une carrière. À ce moment-là, je me suis posé les bonnes questions, j'ai fait les recherches nécessaires, et j'ai trouvé l'école où je voulais faire ma formation. J'ai choisi de la faire en alternance, ce qui permet d'étudier tout en travaillant, et d'obtenir un diplôme un peu plus valorisant pour mes futures expériences professionnelles. J'ai commencé ma première année de CAP chez Body Minute, qui est plutôt bas de gamme dans mon domaine, mais très formateur. C'était très intense. Ensuite, j'ai enchaîné avec deux ans de BTS esthétique dans une nouvelle entreprise plus haut de gamme, en plein cœur de Paris, avec un concept exclusif.
Avant de continuer, est-ce que tu peux expliquer un peu plus ce que c'est un BTS et les différentes formations, parce que ce sont des termes très français que les étrangers ne connaissent pas forcément ?
Donc, dans le contexte scolaire, le baccalauréat se fait au lycée.
À mon époque, on choisissait notre option, soit scientifique, économique, ou littéraire. Et à partir de là, on choisit un peu notre voie. En France, il est généralement admis que l'on aille à la faculté, parce que c'est ce qui est le plus général et ce qui ouvre le plus de portes. Mais bon, au final, c'est beaucoup de théorie qui n'apporte pas grand-chose de concret, mais ça, c'est mon avis personnel. La faculté permet d'obtenir une licence, par exemple, qui se fait en trois années d'études, pour avoir une certification dans le domaine que l'on a choisi. Là, en l'occurrence, j'avais choisi les langues, et cela m'aurait permis d'obtenir un diplôme avec un certain niveau de maîtrise linguistique, ainsi que des connaissances culturelles, littéraires, etc.
Dans mon domaine, en esthétique, on parle de métiers professionnels, donc de filières professionnelles qui allient théorie et pratique.
La première étape, c'est le CAP. Je ne saurais pas vous dire ce que signifie CAP exactement, mais c'est le plus petit diplôme, c'est la base. On apprend les techniques de base et la théorie de base en esthétique, mais aussi des notions de vente, de gestion, un peu de maths, etc. C'est la première étape, et on peut le faire après le collège. Ensuite, on peut aller vers ce qu'on appelle des études supérieures, qui dépassent le niveau lycée : bac +2, bac +3, etc. Un BTS, c'est un brevet de technicien supérieur, qui garantit une meilleure maîtrise de notre domaine et, par la suite, un meilleur salaire ou de meilleures prétentions en termes de postes dans les entreprises. Le BTS équivaut à un bac +2, et on peut continuer avec une licence pour atteindre un bac +3. Ensuite, il y a le master, puis le bachelor, les possibilités sont vraiment très variées. Un métier professionnel peut aller très loin, il ne faut pas se limiter aux préjugés que l'on peut avoir.
Est-ce que, du coup, après ton BTS, ou pendant ton BTS, tu étais aussi en train de travailler ? Peux-tu expliquer un peu comment ça se passait en termes de planning ?
Ok.
Alors, les centres de formation, parce que j'ai fait mes études dans un centre de formation, sont spécialisés pour les apprentis et les alternants. Et c'est aussi une formation qui est gratuite, petit détail important. Comme vous travaillez, il y a des subventions pour l'entreprise, et cela profite aussi au CFA (Centre de Formation d'Apprentis). C'est un système circulaire qui fait que tout le monde y trouve son compte, et vous n'avez pas à payer vos études.
Le CFA propose deux rythmes de formation. Soit une semaine en entreprise, une semaine à l'école. Ce que les entreprises n'aiment pas trop, parce que cela fait beaucoup d'absences sur une semaine. Quand vous vous occupez de clients régulièrement, c'est mieux d'être présent chaque semaine pour suivre l'évolution quotidienne. Sinon, ils proposent, selon les formations, en tout cas pour le BTS, deux jours d'école par semaine et trois jours en entreprise, puis la semaine suivante, trois jours d'école et deux jours en entreprise. C'est donc un rythme constant.
Moi, j'étais dans une entreprise qui exigeait des journées complètes,
ce qui faisait que j'avais un contrat d'environ quarante heures, incluant les jours de cours. Ensuite, pendant les vacances scolaires, on était totalement en entreprise toute la semaine. Et enfin, les jours d'examen à la fin de l'année étaient déduits de nos heures, comptés comme des heures de formation.
Et dès que vous avez fini vos examens, vous devez terminer votre contrat avec votre employeur jusqu'au bout, donc en travaillant à temps plein.
Comment as-tu trouvé ton entreprise ?
J'avais déjà fait un an dans mon centre de formation, donc à mon école, et la grande question était de savoir si je continuais mes études dans ce domaine ou si je m'arrêtais là. J'avais donc pris rendez-vous avec ma responsable de formation du secteur esthétique pour en discuter avec elle, etc. Évidemment, elle souhaitait que je reste dans son établissement et que je continue mes études. Elle m'a donné des arguments en ma faveur : mon futur diplôme, le BTS, m'apporterait plus de compétences, de reconnaissance et m'ouvrirait plus de portes pour l'avenir, etc.
Pour la recherche d'une entreprise, elle m'a aidée,
car ce sont souvent des personnes influentes dans le milieu, avec beaucoup de contacts. Elle m'a demandé ce que j'aimais le plus dans ce métier. Ce qui est ressorti, c'est d'abord la technique, le fait de prendre soin des autres, et cela sous plusieurs perspectives. J'avais déjà connaissance du métier de socio-esthéticienne. Vous êtes esthéticienne, mais vous travaillez avec des personnes dites "à particularités", qui peuvent avoir certaines maladies, des problèmes de peau ou des cas plus graves comme des cancers ou des personnes sous chimiothérapie. Cela m'intéressait énormément, mais il fallait une formation spécifique, qui exige dans tous les cas d'avoir d'abord le diplôme de BTS.
En entendant que j'aimais beaucoup ce côté social du métier, ma responsable a tout de suite pensé à quelqu'un qu'elle connaissait, un entrepreneur qui possède son propre institut. Elle m'a demandé mon adresse, et ironie du sort, j'habitais à 5 minutes à pied de ce lieu. Il s'agissait donc d'un institut de beauté inclusif, pas uniquement axé sur la socio-esthétique. C'était un peu délicat de parler de cela, mais il y avait toute cette approche de la socio-esthétique, avec une prise en charge des clients basée sur ces connaissances, ainsi que des techniques manuelles de soins qui suivaient ces principes.
Elle m'a recommandée à cet employeur, et cela s'est fait très rapidement. En l'espace de deux semaines, j'ai eu un entretien, on a eu un coup de cœur mutuel, disons, et j'ai signé mon contrat quelques jours après, pour deux ans, jusqu'à l'obtention de mon diplôme.
Ok, donc tu es partie pour deux ans. Si j'ai bien compris,
pendant ces deux ans, tu es en formation dans cette entreprise pour la socio-esthétique, ou pas du tout ?
Non. Sur le papier, je suis en formation pour obtenir mon diplôme. C'est le principe de ce qu'on appelle l'alternance : avoir une formation à l'école, combinée à une formation en entreprise, où le but est de mettre en application ce qu'on apprend en cours. Mais ça ne se passe pas toujours comme ça, car l'intégration dans l'entreprise dépend de l'identité de la structure. C'est souvent plus rapide, et on a tendance à être intégré beaucoup plus vite dans l'entreprise. On apprend beaucoup en pratiquant, ce qui est logique et génial dans cette formation.
C'était un moyen pour moi de mettre un pied dans le domaine de la socio-esthétique,
parce que je n'y connaissais rien, et c'est le seul institut en France à avoir ce concept-là et à être en capacité complète d'accueillir des personnes à particularités physiques, même en fauteuil roulant, et de leur prodiguer des soins. Donc techniquement, je n'ai pas encore appris, je n'ai pas de formation réelle en socio-esthétique, ça, c'est pour plus tard dans mes projets, mais j'ai déjà une vraie approche en termes de contact et de prise en charge. C'est surtout un état d'esprit, au final.
Ok, maintenant je crois avoir compris :
tu fais des études en esthétique normale, mais ton entreprise est spécialisée en socio-esthétique. Dans le futur, tu pourras faire une vraie formation pour obtenir un diplôme en socio-esthétique. Et cela dure combien de temps ?
Si je ne dis pas de bêtises, je crois que c'est un an, et il y a même des formations où cela se compte en heures.
C'est juste en compétences acquises, etc. Il y a des cas de figure qui peuvent être très délicats, comme une personne atteinte d'un cancer, par exemple. Ce sont des connaissances techniques qui se situent à la limite entre le bien-être, l'esthétique pur et la prise en charge médicale. Même s'il ne faut absolument pas mélanger les deux, car il est important de les séparer. Les soins que nous offrons n'ont pas de but curatif. Ils ne sont pas destinés à soigner.
Est-ce que tu peux nous raconter comment s'est passée ta première expérience dans cet institut avec une personne ayant une particularité ?
Est-ce que cela a été émotionnellement difficile, ou comment t'en es-tu sortie ?
Alors, en termes de technique, on n'avait pas forcément d'approche spécifique, car les soins dits de socio-esthétique étaient séparés des soins dits classiques. Donc, quand un(e) client(e) venait pour un soin classique, on ne s'attendait pas, a priori, à ce qu'il y ait une particularité, sauf indication contraire. Cela arrivait parfois. Tous les rendez-vous se prenaient via une plateforme, donc nous savions généralement à qui nous avions affaire et ce que nous allions devoir faire.
Un jour, j'ai eu une dame qui a pris rendez-vous pour un massage d'une heure. Nous faisons toujours un entretien avant le soin. On s'assoit, on discute pour savoir comment la personne se sent, ses préférences pour le massage en termes de pression, d'huile, etc. Le concept est vraiment de personnaliser le soin. Cela permet aussi à la personne de parler de certaines choses, que ce soit sur le plan mental ou physique, s'il y a des choses qui vont ou qui ne vont pas.
Cette dame ne m'a rien dit de spécial, donc nous avons commencé le soin. Lorsque je suis arrivée au niveau du dos pour le massage, je faisais mes manœuvres habituelles, je glissais mes mains sur les côtés, et à ce moment-là, j'ai senti deux énormes cicatrices. Cela signifiait qu'elle avait eu un cancer du sein à un stade très avancé et qu'on avait dû lui retirer l'intégralité de la poitrine. À ce moment-là, je touchais vraiment ces cicatrices en relief.
Mon rôle en tant que professionnelle est de ne laisser transparaître aucune émotion à travers mes mains, ce qui est très compliqué, car c'est un réflexe naturel.
Je ne devais absolument pas m'arrêter, ni retirer mes mains, ni avoir la moindre réaction. Et c'était le plus difficile, car je ne m'y attendais pas, je ne le savais pas. Je voulais absolument respecter ma cliente, car c'est exactement pour cela qu'elle venait : pour ne pas se sentir différente, à aucun moment.
Émotionnellement, c'était compliqué. En plus, quand je suis entrée dans l'entreprise, j'avais à peine 19 ans, donc j'étais assez jeune, et je suis quelqu'un de très sensible aux énergies, aux émotions, etc.
Pour moi, un massage, ce n’est pas seulement physique, c’est vraiment un échange d’énergie. Donc, ça m’a beaucoup affectée, et ça m’a aussi permis de comprendre qu’il fallait que je me protège par rapport aux énergies ou à ce que je pouvais recevoir durant le soin, pour éviter d'absorber et de prendre les émotions des autres. C’est mon petit... Mon petit problème à moi : j’ai tendance à absorber les émotions des autres sans vraiment pouvoir les contrôler, qu’elles soient positives ou négatives.
Cela m’a donc poussée à mettre en place des petits rituels, comme par exemple me laver les mains après chaque soin, jusqu’au-dessus des coudes, avec de l’eau très, très froide. Parfois, je me protégeais aussi avec des pierres. Ou le soir, je me lavais les mains avec du sel, ou même simplement sous la douche, je prenais pleinement conscience de me débarrasser de tout ce que j’avais accumulé dans la journée. Car oui, au final, émotionnellement, c’est... comment dire ? Important. Il y a beaucoup, beaucoup d’énergie dans ce métier. Mais comme je le dis, c’est très personnel, et cela dépend de la manière dont on reçoit cette énergie.
Je parlais souvent de cela avec une collègue qui, elle, ne comprenait pas du tout ce que je voulais dire. Elle n'avait pas du tout cette sensibilité, et donc pour elle, c’était plus facile de gérer cette partie du métier.
Comment vois-tu la suite dans ce métier pour toi ?
J’aimerais garder cet aspect supplémentaire de la socio-esthétique, quitte à, un jour, suivre la formation. Mais cela impliquerait de travailler dans des structures médicales, et ce n’est pas forcément ce que je veux. Ce que j’aime, ce que j’ai énormément apprécié dans ce concept d’institut inclusif, c’est que la personne puisse venir sans être directement liée à son processus médical de guérison. J’aimerais vraiment rester dans cet esprit.
Pour le moment, ce n’est pas dans mes projets. J’aimerais me spécialiser dans l’une des techniques que je préfère, notamment tout ce qui tourne autour des soins du visage, de la peau, comprendre en profondeur ces aspects, etc. J’adore ça. Donc, être plus ancrée dans des entreprises spécialisées dans ce domaine me permettrait de faire évoluer mes connaissances, ma carrière, et de me concentrer davantage sur une technique en particulier.
Ensuite, quelque chose qui me trotte dans la tête, c’est d’aller apprendre les techniques du monde dans les pays d’origine. J’aimerais beaucoup aller en Inde, autour de mes 30 ans. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis persuadée qu’il faut avoir au moins 30 ans pour aller en Inde, en termes de maturité, etc. J’aimerais y apprendre leurs techniques. Là, ce serait davantage du massage, ou des soins corporels, voire énergétiques.
L’Indonésie, la Chine... en fait, tout ce qui est en Asie est très développé dans ce domaine, et cela va plus loin en matière d’énergie et de spiritualité, ce qui m’intéresse beaucoup. Je pense donc que je n’aurai pas un parcours hyper classique, car ce n’est pas ce que je souhaite. C’est un métier qui touche à l’humain, et j’ai plus envie d’explorer cet aspect plutôt que de me concentrer sur une vision carriériste où j’évoluerais dans une seule et même entreprise. Cela ne m’intéresse pas vraiment.
Est-ce que tu te verrais évoluer en tant que freelance ou créer ton propre institut ? Ou peut-être diriger une équipe ? Comment envisages-tu ton évolution professionnelle ?
Ma réponse est vraiment liée à mon âge et au fait que je n’ai que trois ans d’expérience dans ce domaine. Pour l’instant, je n’ai aucune affinité avec l’idée de manager ou de diriger une entreprise. Le diplôme que j’ai obtenu, donc le BTS en question, propose trois options différentes. Il y a l'option "formation marque", qui est plus orientée vers l’animation de marque en point de vente, et non en institut. Ensuite, il y a la cosmétologie, qui concerne davantage le côté laboratoire, scientifique, et la formulation. Ce n’était pas pour moi, car je voulais simplement rester dans mon domaine, et comme j’ai un bac littéraire, c’était un peu compliqué avec les maths, ce qui n'est pas ma tasse de thé. Mais j’y suis arrivée et j’ai eu mon diplôme.
J’ai un souci avec la contradiction entre mon métier et la gestion d’une entreprise, notamment le côté financier. J’ai du mal avec cela, donc je n’ai pas envie de m’investir dans quelque chose où l’argent pourrait devenir une source de problème pour moi. Pour l’instant, je suis jeune, et être salariée me convient parfaitement. Il y a beaucoup d’avantages à être salarié en France, avec une bonne protection, etc. Évidemment, il faut tomber sur de bonnes entreprises, mais je n’ai pas envie de me prendre la tête à rendre l’argent un problème, ni de manager des équipes, etc. Je pense que je pourrais être bonne dans ce domaine, mais pour le moment, ça ne m’intéresse pas du tout.
De ce que j’ai pu voir du monde de l’entreprise, je trouve que l’argent change les gens et leur mentalité, et je n’ai pas envie d’être entraînée dans cette course. La rentabilité, les marges… ça ne m’intéresse pas. Je préfère vraiment me concentrer sur l’essentiel de mon métier : les relations humaines et l’impact que je peux avoir sur les autres, ainsi que l’impact que cela a sur moi en retour.
Quelle est la prochaine étape de ton parcours ?
Cela fait quatre ans que je vis à Paris, dont trois années d’études. En ce moment, je suis en pause après avoir obtenu mon diplôme. J’ai pour projet de partir à Londres, une ville qui m’a toujours attirée. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu’il faut que j’y aille, c’est la seule chose dont je suis sûre. J’ai aussi envie de continuer dans ce métier. Pour moi, ce serait l’occasion de faire une petite parenthèse "carriériste", entre guillemets, et peut-être de rejoindre une plus grosse entreprise, spécialisée dans ce que j’aime, comme les soins de la peau, du visage, les diagnostics, etc. Quelque chose de beaucoup plus poussé.
C’est quoi, "appareillé" ?
"Appareillé" désigne des appareils de diagnostic de la peau. Ils permettent de renforcer nos connaissances, d’offrir un soin plus ciblé et aussi de crédibiliser notre travail. Indirectement, cela favorise aussi les ventes. Malheureusement, ça revient souvent à ça.
Donc, la prochaine étape serait cette expérience à Londres, qui sera avant tout professionnelle, bien sûr, mais aussi personnelle.
Peux-tu nous dire comment s’est passée ton expérience en tant qu’esthéticienne et étudiante à Paris, en quelques phrases ?
Être étudiante à Paris demande des sacrifices, il ne faut pas se mentir. Sans aide extérieure, ça peut être compliqué. Il faut s'attendre à habiter loin de Paris, avec beaucoup de temps dans les transports, ou à vivre en colocation pour avoir un loyer raisonnable, entre guillemets. Sinon, il faut se contenter de vivre dans Paris, dans ce qu’on appelle les "chambres de bonne", situées au dernier étage des immeubles, souvent des petites surfaces de 10 à 12 mètres carrés. Quatre ans comme ça, c’est long, mais en même temps, ça passe vite.
Pourquoi ? Parce que la formation que j’ai choisie... Elle était très dense en termes d’emploi du temps, avec l'école et l'entreprise. J’avais des semaines de 40 heures. Ensuite, il y a toute la vie personnelle à gérer à côté, avec l’organisation, le ménage, et les lessives, car évidemment, on n’a pas de machine à laver dans un petit appartement.
C'est beaucoup d'organisation, où l'on se retrouve à dormir chez soi, et c'est tout. C'est hyper dynamique et très satisfaisant au début, mais à un moment, cela devient usant, vraiment très usant. À ce moment-là, il faut juste partir. Mais je garde un très bon souvenir de ces années, qui m'ont appris beaucoup d'indépendance. Les choses vont très vite, il y a beaucoup d'enjeux, et les gens n'ont pas le temps pour toi. Il faut donc apprendre, comme on dit vulgairement, à se démerder toute seule. C'est hyper formateur. Ensuite, en tant qu'esthéticienne, c'est difficile à expliquer. Mais généralement, la première année, on commence souvent en bas de l'échelle, ce qui est normal. On entre dans des entreprises qui prennent sans qualification et nous plongent directement dans le bain, avec un système de management qui peut être nul. On en prend un peu plein la figure, on n’est pas trop respecté, etc. On travaille beaucoup pour pas grand-chose, mais il faut passer par là. Malheureusement, on a déjà la chance d'avoir un salaire et un emploi, et c'est déjà ça.
Sur ce point, ça a été compliqué durant mes deux dernières années de BTS, car en tant qu'esthéticienne, l'école représente un défi. À l'école, on a des cours pratiques qui nécessitent du matériel. Au fil des années, on se retrouve avec un institut entier chez soi, et je ne rigole pas. Sauf que quand on habite dans un 10 mètres carrés, c'est très compliqué. J'avais une énorme valise qui m’arrivait presque aux anges, remplie à ras bord et pesant une tonne. Tous les lundis, je devais remballer tout ça en 50 minutes, puis prendre 50 minutes de transport avec ce poids. En termes d'organisation et de fatigue mentale, c'était une charge mentale et physique énorme, c'était le plus dur. Mais au bout d'un moment, toute charge mentale devient normale.
Combien de soins peux-tu faire en une journée dans un institut ? Y a-t-il une limite pour te reposer personnellement et physiquement, ou est-ce à la chaîne ?
Ça dépend du concept. En France, il existe des instituts où tout se fait à la chaîne. C’était le cas dans la première entreprise où j'ai travaillé. Là, on n'a pas de temps de prestation fixé. C'est nous qui estimons le temps de chaque soin, et l'objectif est d'aller le plus vite possible. Ensuite, dans les instituts classiques, ça fonctionne sur rendez-vous. Le soin choisi a une durée, généralement autour d’une heure. Un institut est généralement ouvert de 10h à 19h, voire 20h. Ça dépend aussi de la clientèle visée, mais prenons l'exemple de l'institut où je travaillais, qui proposait de l'épilation, des soins du visage, du corps et surtout beaucoup de massages.
Nous étions trois esthéticiennes avec trois cabines, et on essayait de répartir le travail pour que ce soit le moins fatigant possible. Par exemple, si on pouvait éviter d'enchaîner une heure de massage après une autre heure de massage, on le faisait pour le bien-être de tout le monde. Personnellement, ce qui est le plus fatigant pour moi, c'est le massage, car c'est une heure très intense, physiquement et énergétiquement. Je dirais que le grand maximum que je peux faire, c'est 4 heures de massage par jour. J'ai déjà poussé jusqu'à 5 heures, mais après, il vaut mieux ne pas me parler à la fin de la journée. En moyenne, c'est 3 heures de massage, bien réparties sur une journée, ce qui est faisable.
Es-tu contente de ton choix d'être partie dans l'esthétique ?
Oui, je crois que c'est l'un des meilleurs choix que j'ai faits. Sinon, je serais restée dans ma campagne. Cela m'a permis de faire un grand saut et d'assumer ce que je voulais, malgré les avis extérieurs. En France, en particulier, il est un peu mal vu de passer d’études dites générales à des études professionnelles, cela est considéré comme régressif. Pourtant, pour moi, passer de l'apprentissage théorique, de quelque chose qui ne me passionne pas, à quelque chose de très pratique, qui donne un sens à ma vie, c'est essentiel. Ce sont des mots forts, mais c'est vrai. Je pense qu'on ne peut pas faire un métier qui ne nous passionne pas. C'est beaucoup plus enrichissant et épanouissant d'être passionné par ce que l'on fait, surtout quand il s'agit de pratique.
Donc, tu es contente ?
Oui, je suis très contente, je ne regrette absolument pas. Et j'espère, je croise les doigts, de rester passionnée le plus longtemps possible. Ce qui est génial avec l'esthétique, c'est qu'il y a tellement de facettes, tellement de techniques et de concepts qu'on ne s'ennuie jamais. Si on a envie de bouger un peu, c'est possible. Si l'on veut aller vers le laboratoire, on peut s'orienter vers la formulation. Si on souhaite être animatrice de marque, se déplacer en France, ou être commerciale, c'est également envisageable. C'est pourquoi je ne regrette pas d'avoir fait mon BTS. À partir de cela, je peux tout faire avec des formations complémentaires, bien sûr. Mais sans cela, peut-être que je n'aurais pas pu le faire. Et n’oublions pas le sujet de la prétention salariale. Je ne veux pas le dire, mais… c’est vrai que ce n’est pas un métier qui est bien rémunéré. Quand on est passionné, comme moi, par la pratique, ce que j’appelle "de cabine” Ce que j'ai pu comprendre, c'est qu'actuellement, ça ne marche pas trop.
Ah bon ? Pourtant, c'est incroyable, parce que j'adore faire des massages. En général, je n’y vais que si quelqu’un m’a recommandé un institut, souvent un institut de massage thaïlandais. Mais sinon, tous les massages que je prends, c’est avec des freelances. Je ne vais jamais dans un institut, parce que, premièrement, je vais payer peut-être 80 ou 90 euros de l’heure pour un massage, et je sais que c’est un métier très drainant, comme tu l’as dit. Je préfère donner mon argent à la personne. Souvent, ces massages se déroulent dans des endroits plus personnels, comme chez quelqu’un dans une petite salle avec des bougies, et je me sens plus en confiance que dans un institut. C'est pour ça que ça me choque que tu me dises qu’apparemment, ça ne marche pas trop. Dans ma communauté de danseurs, par exemple, on a plus tendance à aller voir une personne freelance pour se faire masser.
Bah, du coup, je disais que ça ne marchait pas trop, mais plutôt d’un point de vue entreprise, puisque j'ai toujours été en entreprise. Souvent, les instituts sont à la recherche de freelances, surtout pendant les périodes de maternité et autres. Oui, je disais que ça ne marchait pas trop, mais c’est de mon point de vue, dans le sens où elles n’ont pas envie de venir travailler en institut. Mais si toi, tu fréquentes ces endroits, ça marche ?
Je ne sais pas, je m'y connais pas trop, mais je comprends ce que tu veux dire. C’est marrant parce que je suis un peu pareille et je connais aussi le milieu. Je ne vais jamais me faire masser dans un institut si on ne m’a pas dit que la personne était bien ou si je n’ai pas un retour positif. Tout dépend vraiment de la personne et de ses compétences.
Est-ce que tu conseillerais cet institut à ceux qui viendraient visiter Paris ?
Du coup, je vous invite à aller vous faire masser dans l'institut dont je parle. C’est l'Institut Inclusif à Paris, vous le trouverez facilement. Vous ne le regretterez pas ! Je sais qu'ils massent là-bas, et ce sont des gens exceptionnels qui ont des mains incroyables. Ils sont vraiment dévoués à vous faire passer un bon moment, et cela se ressent. En plus, vous vous sentirez très à l'aise. Donc, foncez, les yeux fermés, et le cadre est génial. Le cadre est super !